C’est un soir, dans une maison familienne, où je passe dîner. À l’heure du coucher du plus petit gus je participe au rituel du soir en allant lui faire un bécot (ah oui ras le bol des bisous, moi je fais des bécots !). Pis après, NON, je refuse de faire un bek’à son doudou. Le truc tellement aimé est trop grisâtre et si tant mâchouillé que je crains d’y poser mes lèvres ! Je ne peux non plus me résoudre à le photographier pour illustrer ce billet, d’où la photo ci-dessous « plus présentable » avec doudous du Si Tu Veux attendant… l’amour !
Je m’étonne ensuite de voir sa collection d’animaux de bois, celle qu’il chérit tant, posée à plat sur l’étagère près de son lit.
– C’est qu’on doit les coucher « eux aussi », il faut qu’ils dorment, me dit-il.
Ah comme je regrette à ce moment là de ne pas avoir assez de mémoire pour réciter c’te poésie pour leur dire à tous bonsoir !
Avez-vous vu le tamanoir ?
Ciel bleu, ciel gris, ciel blanc, ciel noir.
Avez-vous vu le tamanoir ?
Œil bleu, œil gris, œil blanc, œil noir.
Avez-vous vu le tamanoir ?
Vin bleu, vin gris, vin blanc, vin noir.
Je n’ai pas vu le tamanoir.
Il est rentré dans son manoir.
Et puis avec son éteignoir
Il a coiffé tous les bougeoirs
Il fait tout noir.
Robert Desnos
Je vais m’entraîner pour pouvoir lui réciter ces vers la prochaine fois qu’on se verra, on cherchera ensemble le tamanoir. Mais on le verra pas. Alors, pour ne pas veiller trop tard, on demandera au blaireau en blanc et noir, d’attendre le tamanoir… dans le noir. (En espérant qu’avant ce jour-là le minus ait réussi à mémoriser le nom de cet animal… qu’il nomme taureau pour le moment !)
Très beau, le tamanoir en bois, ravissant le poème de Desnos.