L’été dernier j’avais transformé la terrasse du Si Tu Veux en laboratoire de jeux « collaboratifs » pour les jeunes vacanciers passant dans la galerie Vivienne. Et, grâce à eux, j’ai pu voir en direct le plaisir qu’il y a à associer, classer, repérer les lettres, servant à écrire, puis à lire un mot simple.
Cela m’a rappelé une anecdote «montessorienne » que j’ai glissée dans le guide « Mes tout premiers apprentissages avec les pédagogies alternatives ». Là où avec, Anne-Cécile, nous aimons, en plus des activités proposées, parler de nos expériences et de nos bonnes rencontres. Celle que j’ai faite en assistant à une conférence de Christian Maréchal, l’instituteur qui a ouvert sa classe au réalisateur du film « Le maître est l’enfant », était enrichissante. Pour nous faire comprendre l’émotion qu’un enfant peut avoir quand il écrit son premier mot, il nous raconte sa vie en classe : « C’est une petite fille qui tente d’écrire des mots avec des lettres mobiles. Soudain elle s’aperçoit qu’elle vient d’écrire « moto ». Elle m’appelle : « J’ai trouvé un mot ! Viens vite, ça va partir ! »
Sublime moment qui fait si bien comprendre cet « eurêka » ressenti par l’enfant qui s’aperçoit soudain qu’il a réussi à composer un mot qui a du sens, qui craint qu’un autre enfant passant par là puisse détruire sa belle œuvre avant que le maître ne la voie ! Moment d’exception qui fait comprendre qu’à ce stade-là le crayon n’est pas le bienvenu. Seule compte la libre manipulation des lettres… et du temps, beaucoup de temps, pour se régaler à apprendre à écrire des mots sans modèle ni contrainte !